jeudi 22 février 2007

Plate-forme pour un refinancement fédéral de l’enseignement

Depuis plusieurs années, les étudiants, assistants et professeurs font le même constat amer : la situation de l’enseignement supérieur se dégrade. La liste des problèmes récurrents liés au sous-financement de notre enseignement s’allonge : sous-encadrement chronique, délabrement des bâtiments, augmentation des droits d’inscriptions, pénurie de logements étudiants, manque de personnels administratif, suppression de cours et de filières… ne sont que les signes les plus alarmants du fléau qui s’abat sur notre enseignement.

Il y a près de 30 ans, l’enseignement était financé à hauteur de 7% de notre PIB1. A l’heure actuelle, un peu moins de 6% y sont consacrés. Ce qui représente par an près de trois milliards de moins-value pour notre développement. En période de crise, un choix politique a donc été posé, avec une préférence portée sur les politiques d’austérités budgétaires, plutôt qu’à la qualité de l’éducation. D’autres pays ont fait d’autres choix. Le Danemark, par exemple, consacrait en 2003 plus de 8% de son PIB à l’enseignement !

Pierre de Maret, ancien recteur de l'ULB, déclarait il y a peu : "Nous sommes de plus en plus déforcés, que ce soit en termes de moyens, d'encadrement de recherche, ou de besoins de constructions. (…) Il nous faut insister encore pour faire évoluer les choses et défendre un enseignement public, de qualité et accessible au plus grand nombre."2

Notre actuel recteur, Philippe Vincke, déclare de son côté : "[Le grand défi est] le problème du financement où nous devrions mieux unir nos forces, nous devons convaincre le monde politique qu'en Belgique fédérale et en Communauté française, l'enseignement et la formation sont les seuls outils qui puissent faire prospérer la société."3

Pour finir, citons Jean-Paul Lambert, recteur des Facultés St-Louis, qui a lancé un appel "conjoint à celui de [ses] collègues – en vue d’un réel refinancement des universités (…). Il en va de la démocratisation de nos universités mais aussi de la capacité à maintenir la qualité de notre enseignement et de notre recherche."4

Réclamer plus d’argent pour l’enseignement, réclamer un refinancement n’est donc pas une revendication de quelques étudiants égarés. C’est une revendication partagée par nombre d’acteurs de la politique de l’enseignement supérieur. Le CIUF5 s’est récemment positionné en faveur d’un refinancement de l’enseignement universitaire. Le Conseil à l’unisson indique que : « [le] refinancement demeure condition sine qua non d’un enseignement universitaire de qualité et compétitif au niveau européen ».

Les doyens de nos facultés ont également lancé un message dans ce sens en novembre dernier.

Il est plus que temps de réagir, si nous ne voulons pas voir notre enseignement vendu toujours plus cher au plus offrant ou se dégrader. Le manque de moyen a déjà amené les Autorités de l’ULB à gérer en interne la misère de ce sous-financement au semestre passé en vendant nos « bijoux de famille » (8,5 hectares de terrains sur le campus de la Plaine) et en tentant d’externaliser, si tant est que cela rapporte de l’argent, une partie de la gestion de nos logements étudiants. Cette logique de gestion interne et d’externalisation nous éloigne toujours un peu plus d’une politique publique et démocratique de l’enseignement.



L’ULB n’est pas seule à devoir faire face à cette situation dramatique. Tout l’enseignement souffre. A titre d’exemple, les étudiants des hautes écoles connaissent les joies d’une augmentation de leurs droits d’inscription qui atteint parfois près de 400% suite à un décret de juillet 2006. Des discussions ont déjà lieu sur l’augmentation du minerval en université6.

Nous sommes à la croisée des chemins. A la veille des élections législatives, il faut que les partis prennent des engagements et fassent des choix de société. Il n’existe, en effet, que trois sources de financement pour l’université : le public, l’étudiant et le privé. Va-t-on refinancer l’enseignement à travers des fonds publics ? Va-t-on s’engager dans une voie d’un enseignement de qualité accessible au plus grand nombre, sans barrière financière ? Ou va-t-on s’engager dans un enseignement toujours plus cher, plus élitiste et plus privatisé ?

La Fédération des Etudiants Francophones (FEF), suite à un premier rassemblement encourageant le 17 novembre dernier, appelle à des actions en vue des élections fédérales de juin. Le 15 mars sera une journée d’actions locales en Communauté française et le 22 mars aura lieu une manifestation communautaire à Namur.

Les signataires de cette plate-forme soutiennent cette initiative et appellent tous les acteurs de la communauté universitaire à s’engager et se positionner en :

* Réclamant activement un refinancement public de l’enseignement et plus particulièrement de l’enseignement supérieur. Celui-ci devrait atteindre au minimum 7% du PIB.
* Participant aux actions des 15 et 22 mars 2007.

1 LE PIB correspond à l’ensemble des richesses produites sur un an dans le pays.
2 ESPRIT LIBRE > JUIN 2004 [ n°23 ] Université libre de Bruxelles
3 La Libre du 14 sept 2006
4 Discours de rentrée du Recteur Jean-Paul Lambert des Facultés St Louis,
septembre 2006
5 CIUF - Conseil inter-Universitaire francophone – Le CIUF est l’organe qui regroupe tous les acteurs du monde universitaire francophone (recteurs, corps académique, étudiants, syndicat, corps scientifique,…)
6 Le Recteur de l’UCL, Bernard Coulie, s’est fait grand défenseur de cette idée, notamment dans le cadre de son discours de rentrée académique 2006-2007.



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